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24/03/2015

TROC DE GRAINES AU LAC DE NEUFONT

Pour la 5è édition et dans le cadre des 10 ans de la semaine pour les alternatives aux pesticides, avait lieu le dimanche 22 mars au Lac de Neufont à Saint Amand de Vergt un Troc de Graines. C'est la toute jeune association du même nom (trocdegraines@gmail.com), implantée à Vergt depuis octobre 2014, qui l'organisait, prenant le relais de l'association Reg'Art, fondatrice de la manifestation et qui soutient principalement des activités artistiques. Un véritable succès puisque plus de 300 personnes avaient fait le déplacement pour cette journée qui rassemble de plus en plus de monde chaque année, comme s'en félicitent les organisateurs.
Troc de graine

Le panneau a été créé lors d'un atelier "graffiti mousse" le 22 mars par des enfants encadrés par l'association Au ras du sol, partenaire de la manifestation

L'objectif de l'association est de promouvoir, de diffuser la transmission de savoirs et de savoir-faire liés au jardinage naturel et de favoriser l'échange de graines. Cela peut se faire par des ateliers dans ce domaine, des visites de jardins. Des rencontres, coups de main entre jardiniers de tous horizons, même avec ceux qui utilisent des techniques conventionnelles, sont encouragés pour développer des techniques alternatives de jardinage dans le respect de l'environnement. L'association souhaite oeuvrer sur le pays vernois et le pays villamblardais.

Des panneaux très pédagogiques issues de l'exposition "Jardiner sans pesticides" étaient présentés par des animateurs de l'association Pour les enfants du pays de Beleyme.
Dans des livrets, une lecture attentive permettait d'apprendre à se prémunir des limaces mangeuses de salades!
Pour cette journée, chacun pouvait apporter des graines et s'en procurer d'autres. Cela s'appelle du troc! A l'accueil, étaient distribués des sachets de taille modeste pour une consommation raisonnable (l'esprit n'était pas la capitalisation!)
 
Des stands étaient prévus pour réaliser son troc et pouvoir discuter jardinage.


Outre l'échange de graines, plusieurs activités étaient proposées, comme des contes sous une yourte par la conteuse Violette Sicre, venue d'Angoulême.
https://fr-fr.facebook.com/people/Violette-Sicre/100006647326268

Comme chaque année, un pôle création pour les enfants était prévu permettant de participer à des ateliers dessins et coloriages, à un jeu de piste au cours duquel un mandala land 'art a été conçu.
 
A deux reprises au cours de la journée, des impromptus dansés et sonores ont été proposés par l'association La Muse et Moi http://lamuseetmoi.wix.com/lamuseetmoi. Des chorégraphies mettant en scène notamment une demi-douzaine de personnes évoluant avec des parapluies de toutes les couleurs ont enchanté le public.

De façon plus prosaïque (mais pas moins importante), on pouvait se restaurer sur place en goûtant une nourriture bio et végétarienne...
...et les toilettes sèches étaient de rigueur!
A 15h, les organisateurs innovaient en proposant une conférence théâtre. Elle était organisée sur le thème de l'eau, thème choisi pour cette journée.
C'est Gaël, l'un des 3 animateurs permanents spécialisé dans l'éducation à l'environnement de l'association "Pour les enfants du pays de Beleyme" qui l'animait avec la collaboration de la comédienne Emilie Esqueré, de la compagnie Lilo http://www.culturedordogne.fr/spectacle-vivant/item/276-compagnie-lilo.html
L'association est basée à Montagnac La Crempse (du côté de Mussidan). Comme l'explique Gaël, elle est née en 1989 de la volonté de parents, dotés d'une conscience écologique, qui cherchaient à trouver des activités pour leurs enfants. Progressivement, les activités de la structure se sont élargies à un plus large public et se sont professionnalisées. Le fondateur est aussi devenu directeur. Aujourd'hui, tout contrat confondu, ils sont 30 à participer à cette aventure. S'il y a 6 animateurs de l'éducation à l'environnement, les autres intervenants le sont dans le cadre d'un atelier d'insertion socio-professionnelle depuis 2002. Il y a 8 permanents. Au départ, les conférences étaient plutôt naturalistes axées sur le domaine des milieux aquatiques comme la mare. Le succès rencontré au cours de ces conférences a incité les organisateurs à initier d'autres thèmes avec une approche scientifique et artistique comme le le jardinage sans pesticides, les zones humides (conférence proposée 52 fois sur l'Aquitaine). Gaël intervient aussi pour des conférences sur les déchets ou l'alimentation. La conférence théâtre proposée à Troc de graines en est à ses débuts. Elle tourne depuis 1,5-2 mois. Elle était installée dans la guinguette qui, en plein travaux de rénovation, s'apprête à réouvrir le 11 avril.
Afin d'initier la conférence, Gaël a proposé de travailler, en interaction avec le public, sur les représentations de chacun sur l'eau, Emilie jouant l'assistante jolie mais un peu niaise chargée de trouver un objet pour chaque proposition. Ainsi, le coût de l'eau était représenté par une facture d'eau plastifiée sortie de la malle.
Puis, il a été demandé à 6 spectateurs de venir tenir des pancartes représentant le cycle de l'eau et la salle devait indiquer le bon ordre de ces pancartes  : captage, potabilisation, stockage et distribution, utilisations, épuration de l'eau et retour en rivière.
Au passage, Gaël  donnait quelques explications sur le travail de potabilisation  qui suppose un dégrillage pour les éléments les plus grossiers, l'utilisation du filtre à sable ou à charbon, l'ozonation, la chlorification et déchlorification. Concernant le stockage et la distribution, il a été question du débat autour de la toxicité du PVC, de l'eau gaspillée, de l'eau potable utilisée de façon abusive pour les toilettes, pour le lavage des voitures, des efforts faits par l'industrie actuellement pour réduire la consommation. Au sujet de l'épuration de l'eau, ont été évoqués les techniques de dégrillage, déshuilage, les bassins de décantation et le renvoi dans les rivières pour diluer les pollutions. Des stations de filtrations des nano-particules apparaissent aussi. Il faut savoir que la consommation domestique moyenne d'un Français est de 150 litres d'eau par jour et 200 litres pour toutes les utilisations confondues.
Dans un 3è temps, la comédienne, interprétant le personnage de Sandra, distribuait des tracts intitulés 'l'eau est un bien public", rappelant qu'il existait ainsi à Paris 240 fontaines à disposition, 400 sanitaires, 18 bains douches publiques alors que Marseille était bien plus pauvre en la matière. Elle finissait en s'interrogeant : "qu'est-ce que c'est que ce monde où l'eau n'est pas accessible!".
Puis, un quizz était proposé en faisant toujours appel à un spectateur autour de 4 thèmes inscrits dans une roue qu'il s'agissait de faire tourner pour savoir lequel serait désigné en premier. Le spectateur s'est plutôt bien débrouillé face aux questions posées : le pourcentage d'eaux douces de surface d'Aquitaine dont l'état écologique est moyen, médiocre ou mauvais? le pourcentage d'Aquitains alimentés par des eaux de surface? le pourcentage d'eau perdue à cause des fuites d'eau du réseau d'alimentation? le nombre de substances de pesticides dans les eaux superficielle? On vous donnera les réponses si vous nous écrivez!
Un petit sketch suivait autour de la question du financement de l'eau (régie publique de l'eau ou contrats de délégation) quand on sait que la France est championne en la matière. Ainsi, en Aquitaine, 83% des villes sont sous gestion privée alors que l'on sait que des villes comme Grenoble ont décidé de se mettre en régie municipale et ont diminué de 30% le prix de l'eau, et réduit aussi celui des eaux usées. Dans ce numéro s'affrontaient un maire joué par Gaël, une représentante de "Veoluz", Mme Aquoibon, et une écolo militante Micheline jouée par Emilie.
Pour clôturer cette animation, Gaël a évoqué les solutions alternatives comme utiliser la douche plutôt que la baignoire, une station de phytoépuration plutôt qu'une fosse septique, des toilettes sèches. Une question a été posée concernant le lave-linge et le lave-vaisselle : sont-ils plus économiques que le lavage à la main? A priori oui, sauf si l'on compte toute l'eau nécessaire pour les fabriquer (que l'on appelle l'eau virtuelle) et, dans ce cas, ce n'est plus du tout évident!
Un débat s'est ensuite engagé avec la salle. La question des régies municipales a été à nouveau évoquée ainsi que celle de la gratuité de l'eau : pourquoi ne pas avoir une eau gratuite pour ses besoins vitaux et quand elle relève de l'ordre du confort voire du luxe, comme l'eau de la piscine, pourquoi ne pas la faire payer? Des idées comme celle-ci, l'association des enfants du pays de Beleyme en a plein d'autres. Allez faire un tour sur leur site pour découvrir leurs activités.

Texte et photos : Laura Sansot

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