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10/06/2015

AFFLUENCE, SOLEIL ET FEU D'ARTIFICE POUR LE FINAL DU FESTIVAL DE LA VALLEE 2015

Le 6 juin, le festival de La Vallée se clôturait à Saint Aquilin. Sous un soleil encore bien chaud en fin de journée, on observait une affluence record pour cette dernière soirée à tel point que le public devait suivre des files d'attente pour entrer sur site et pour dîner. 

Pour compenser ce petit désagrément, il pouvait écouter Les Trompettes de la mort. https://www.facebook.com/TrompettesDeLaMort/timeline?ref=page_internal : un groupe de 11 musiciens (saxo, trompette, trombone, percussions, caisse, cymbales) né en septembre 2013 qui a commencé à se faire connaître lors de la soirée Tribute to punk au Sans Réserve à Périgueux en décembre 2013. C'est une fanfare rock, pop punk, folk, soul, hard rock, métal qui reprend des morceaux des cinquante dernières années dans une version "cuivres". Evidemment, c'est très festif et l'on pourra les retrouver au festival Musicôle à Saint Jean de Côle le 20 juin prochain.

 
Dans la file d'attente des plateaux repas, un des bénévoles du village faisait la lecture de courts textes rédigés lors d'un atelier d'écriture à partir de mots prélevés dans le spectacle du soir.
Parmi les mets habituels proposés par le village à l'occasion du festival, des omelettes préparées énergiquement par les bénévoles.

Pour introduire le spectacle, Agnès Garçenot a, avec émotion, fait le bilan de ce festival organisé dans des conditions particulières avec la fin de la convention entre le CRAC et la mairie de Saint Astier, fin décembre : " ça a super bien fonctionné!", a-t-elle déclaré. Elle a remercié le public (300 spectateurs en moyenne par soirée), les bénévoles (une quarantaine dans chaque village) et "les artistes qui nous ont fait confiance".

Après le cri rituel des spectateurs, la pièce de théâtre "Modestes propositions pour remédier à la trop forte croissance de la population mondiale" débutait par une entrée en scène des comédiens, de la Compagnie du Détour http://detour.over-blog.com/, façon gags, chutes et pitreries que malheureusement seul le public des premiers rangs, dans une salle sans gradin, pouvait apprécier.
On aura, malgré tout, goûté cette farce d'humour noir où un duo, composé d'un démographe à lunette  et cheveux plaqués et d'une assistante aussi coincée que lui  mais sachant manier avec autorité la baguette pour illustrer le propos, animait une conférence déjantée sur le thème de la surpopulation.

Les comédiens saluant le public
Muni d'un appareil loufoque et d'une assistante prête à toutes les mimiques (impayables) et escalades possibles pour mieux convaincre le public, le conférencier s'évertuait de cette manière à expliquer pourquoi la planète ne pourrait pas faire face à la croissance exponentielle de la population mondiale.
Peu doué pour les démonstrations pratiques qui semblaient tourner au fiasco, le duo, servi par des comédiens étonnants d'énergie, s'en remettait aux théories des grands penseurs pour appuyer son argumentation : étaient cités Platon, Malthus, Darwin, Jonathan Swift et son Humble proposition où dans un pamphlet fameux de 1729 contre les riches et qui,  probablement, a inspiré le titre de ce spectacle, l'auteur anglo-irlandais proposait de réduire la misère et la surpopulation en utilisant les bébés pour s'alimenter. Reprenant ou détournant sans vergogne ces références, les deux personnages faisaient le plus sérieusement du monde quelques propositions pour le moins surprenantes. L'anthropophagie était la première solution, évoquée dans la chanson enfantine "Il était un petit navire" que l'assistante ne manquait pas d'entonner joyeusement voire férocement devant un public hilare. Concrètement, il était suggéré d'aller chercher des nourrissons dans les pays sous-développés où l'on nous avait démontré, à grand renfort de pyramide des âges, qu'ils y étaient trop nombreux. Ils devaient servir de nourriture dans les pays développés, derniers pays où la surpopulation de personnes âgées pouvait être réglée par un recyclage de ladite population en...carburant biologique, étant entendu que "roulez mieux, roulez vieux"! Passant rapidement sur une bonne canicule et quelques abandons, il était proposé, que le progrès scientifique aidant, l'on procédât à des semi-automisations d'individus pauvres, grâce au casque conçu à cet effet qui ressemblait étrangement à... un sèche-cheveux. Bref, un recyclage efficace des êtres "inutiles" de notre société capitaliste! Humour grinçant mais justice triomphante avec un conférencier pris à son propre piège, finalement lobotomisé dans le casque d'automatisation laissant une assistante béate mais sauvée de l'asservissement. 
La soirée ne s'achevait pas là : les photos de spectateurs poussant des cris dans des encadrements afin de rendre hommage à "La Vallée s'écrit" (ou s'écrie) étaient projetées en boucle
tandis que la plupart des spectateurs suivait en cortège Les trompettes de la mort vers le lieu où serait lancé le feu d'artifice.

 
 

Pendant que le groupe musical poursuivait sa prestation après les illuminations
et que des spectateurs allaient écouter un concert de musiques amplifiées dans la salle des fêtes, un petit groupe écoutait, dans le café Le Saint Aquilin, la lecture de tous les textes rédigés pendant l'atelier d'écriture.
 

Il dialoguait ensuite avec les comédiens (dont vous noterez la métamorphose, une fois leur personnage quitté!) et la metteur en scène (à la ville soeur jumelle de la comédienne), nouvel exercice proposé par le festival.
Christophe Noël et Valérie Larroque
Agnès Larroque

On y apprenait notamment que la metteur en scène était arrivée au théâtre à 22 ans. Elle avait créé ce spectacle en 2005, lui-même joué plus de 230 fois et découvert l'été 2014 par Agnès Garçenot au festival off d'Avignon, la compagnie s'y rendant une fois tous les deux ans. Elle a expliqué qu'elle développait des textes et des mises en scène sur des sujets de société graves qu'elle souhaitait traiter de façon décalée et burlesque. C'était pour elle un choix politique de procéder ainsi. Elle avait travaillé notamment autour du thème de la souffrance au travail. Pour "Modestes propositions...", le thème n'était pas sans rapport avec ses études dans le domaine! Elle avait toujours été fascinée par le fait qu'en démographie, ce soit la quantité qui prime plutôt que l'individu dans sa dimension humaine. Le spectacle se basait sur de vrais chiffres, même si le fait d'avoir déclaré par exemple, qu'à la date du 30 octobre 2011, citée dans le spectacle, était né le sept milliardième d'être humaine était un choix totalement arbitraire des scientifiques.
De la surpopulation, sujet du spectacle à l'affluence du public, il n'y avait qu'un pas. La compagnie de théâtre originaire de Lyon se félicitait d'avoir attiré autant de monde et se déclarait ravie d'avoir joué pour la première fois en Dordogne.

Texte et photos : Laura Sansot

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