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10/04/2016

DE LA CHANSON FRANCAISE AUX ACCENTS MULTIPLES AVEC LE GROUPE ZAMA

Le 26 mars, le groupe Zama, venu de Bretagne, était en concert au café de Léguillac de Cercles.

Zaïdi Diab et Matthieu Layazid se sont rencontrés aux Francofolies 2004 par l'intermédiaire de La Rue Kétanou. A l'époque, elle chantait avec sa famille dans le groupe de jazz manouche, Nomad's land, dont elle a fait partie pendant 15 ans. Lors de ce grand festival de musique, le très regretté Allain Leprest l'avait invitée à partager la scène avec lui pour le titre "La gitane".
Si les deux musiciens ont attendu plusieurs années pour jouer ensemble et fonder leur groupe, dont le titre associe les premières lettres de leurs prénoms, ils ont souhaité mélanger leurs univers musicaux bien différents, d'où cette manière de se définir : de la "chanson française aux accents multiples".
En effet, elle est conteuse, chanteuse et violoniste. Elle semble jouer de son instrument comme si elle était née avec.  Il faut dire qu'elle a appris la musique à l'oreille. Elle vient du jazz manouche, est imprégnée de musique improvisée.
Lui, d'origine marocaine, vient de la culture hip-hop et notamment du rap.
Le premier album paru en 2012, "Evadés" était très marqué par ce dernier genre musical, même si les airs swing, jazz, manouche étaient déjà présents, comme l'illustrait la chanson éponyme interprétée pendant le concert : "je me suis évadé, allez savoir pourquoi, au milieu du carrefour, j'ai trouvé ma voie, la route, la cadence, le tempo et j'avance, sans savoir où je vais, tout m'invite à y aller...". Ce mélange des genres donnait lieu tout naturellement à la chanson Méli-mélo  : "tout est méli-mélo, mêlé, emmêlé, mélangé...", refrain que les artistes ont tenté de faire répéter aux spectateurs un peu clairsemés au départ puis bien plus nombreux au cours du concert. Même influence du rap dans la chanson Tangue le voyage, l'un des deux bis du concert. Sur ce premier opus, les textes y étaient scandés, slamés, chantés, rappés, contés. C'était "un mélange brut de nos influences", explique Matthieu Layazid. Alors qu'il chantait peu, jouait, entre autres, de la basse, utilisait des samples donnant des accents électriques à cette production,
sur le second album "Carnets d'esquisse" sorti début 2015, il a accordé plus de place à la guitare et chante davantage. Les musiques sont plus orientales, swing, manouches avec des airs de rumba catalane.
Tous les deux composent et écrivent les textes, parfois au dernier moment (ils savent laisser place à la spontanéité, aux moments propices), quelques jours avant l'enregistrement, comme s'en souvient Matthieu Layazid, pour les couplets de Carnets d'esquisse dont le refrain et la musique existaient eux depuis 5 ans.
On retrouve dans les deux albums les thèmes récurrents du voyage, de la liberté (ils ont ainsi vécu un certain temps en roulotte tandis que Zaïdi, elle-même, y est née) où il est finalement plus question de rencontres avec les autres, avec l'âme soeur  (Je n'ai pas vu le temps passer) et avec soi-même (Je cherche un voyage) que d'un voyage vers une destination précise.
Le titre Carnets d'esquisse est une évocation joyeuse en forme de contre-pied au fameux carnet de circulation que les gens du voyage avaient l'obligation de détenir depuis une loi de 1969, l'Assemblée Nationale ayant voté sa suppression en juin 2015 : "j'ai un carnet d'esquisse pour voyageurs sans direction où je collectionne les épices et les accents d'immigration". Pour introduire cette chanson, en référence à des comportements actuels xénophobes à l'égard de migrants venus du Proche et Moyen-Orient, Matthieu se disait "perplexe face à la méchanceté des hommes" alors que l'on "a[vait] besoin de cette population qui marche", "nous [qui] sommes tous des étrangers". En guise de réponse, le groupe a aussi chanté, sur des airs mêlés de rap et de jazz manouche, La famille : "entre nous, ils veulent nous entasser, cherche pas à comprendre, ils veulent nous parquer, dans les cités, on s'est retrouvé otages, et pour les camps, on attend le ramassage..." mais la famille maghrébine et manouche savaient faire face.
Ces chansons, qui mélangent divers genres musicaux plutôt gais et entraînant même le public à danser, sont des hymnes à la différence et à l'ouverture aux autres, tous chantés en français, leur langue commune. Petite ombre au tableau, des paroles résonnaient douloureusement pour le couple ("Simplement vivant, c'est un refrain qui se chante, est-ce que ce n'est pas une chance?"), qui, visiblement venait de perdre un être cher auquel il lui avait dédié la chanson, en début de concert, Chez les filles, un titre en référence à un bar de St Gilles Croix de Vie, aujourd'hui fermé, où il avait l'habitude de le croiser. La musique venait dire que la vie était plus forte que la mort et le concert était l'occasion de faire découvrir au public plus d'une quinzaine de chansons et de partager des moments heureux et enjoués avec lui,

tout près de lui.
C'était un bonheur d'écouter ce couple, à la vie comme à la scène, dont on sentait le grand plaisir à jouer pour son public dans une belle complicité et générosité mais aussi une réelle sincérité, qualités que la discussion après le concert n'a pas démenties.
Forts de ces belles mélodies du voyage, de ces sons mélangés, ils attirent les musiciens connus qui n'hésitent plus à faire appel à eux : ils ont été repérés et invités à faire la première partie d'un concert de la famille Chedid au festival de Poupet, en Vendée, en juillet 2015 https://www.youtube.com/watch?v=DZCItZpzYZg et feront dans quelques temps la première partie du concert de Didier Lockwood. Ils poursuivent leur tournée, surtout en Bretagne et en Vendée où ils ont vécus.

Retrouvez leur actualité sur : https://www.facebook.com/legroupezama

Texte et photos : Laura Sansot

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